La création de la Commission Citoyenne du Folklore émane de la volonté du Conseil communal de mettre les citoyens au cœur de la décision. Dans le plan stratégique communal, la majorité communale a exprimé le désir de permettre à ses concitoyens de s’investir et de participer à l’avenir de la Ville. Pour ce faire, elle souhaitait la création de comités consultatifs citoyens.  

La Ducasse d’Ath est une fête populaire qui rassemble chaque année des dizaines de milliers de gens le temps d’un week-end autour de valeurs partagées : l’amitié, l’amour, la fête, la fierté. Elle constitue un véritable « patrimoine immatériel », car elle perdure de génération en génération. En ce sens, elle appartient à la population. D’ailleurs, dans le cœur de nombreux Athois, la Ducasse occupe une place de choix. Elle déchaine les passions et réveille les âmes. 

Pour toutes ces raisons, il était nécessaire de faire en sorte que la décision concernant l’avenir de l’un des figurants les plus emblématiques de la Ducasse, se retrouvent entre les mains de la population qui la fait vivre. 

Le problème du référendum est qu’il impose un choix binaire – oui ou non – et une question simple. Il ne permet pas la nuance et ne favorise pas la discussion entre les différents points de vue. Au contraire, on observe qu’un référendum a tendance à politiser le sujet et à polariser l’opinion. Le dialogue entre les différents points de vue n’est généralement pas encouragé. 

Or, étant donné le caractère populaire et émotionnel de la Ducasse, il a semblé pertinent d’encourager l’interaction positive et respectueuse entre les différentes opinions individuelles. Il n’est pas physiquement possible de faire en sorte que 30 000 personnes se mettent autour de la table pour discuter d’une thématique aussi complexe. C’est pourquoi il a été décidé que la commission serait composée de 60 personnes : c’est-à-dire, un groupe suffisamment large pour réunir un grand nombre d’opinions, mais suffisamment restreint que pour créer des liens et un esprit de groupe nécessaire à la réflexion sur la problématique. Le mode de sélection des membres de la commission a eu à cœur de réunir des acteurs locaux, mobilisés par le patrimoine local et représentatifs des idées et convictions présentes dans la population.  

La Commission Citoyenne du Folklore (CCF) est composée de 60 personnes désignées par le Conseil communal, selon les modalités suivantes : 

  • 10 représentants du folklore 
  • 10 représentants de la société civile (associations culturelles et d’intégration, acteurs économiques, jeunesse…) 
  • 40 citoyens Athois ayant participé à l’enquête “Le Sauvage, si on en parlait ?”, sur base de candidatures. L’autorité communale a veillé à respecter la répartition des classes d’âge et l’égalité femme/homme. 
  • Chaque parti politique représenté au Conseil communal a pu désigner un observateur (qui a assisté aux travaux de la Commission, mais sans droit de vote). 

Un huissier de Justice a été désigné de manière à garantir et attester de la conformité de la procédure.  

EN THÉORIE 

Le fonctionnement interne de la commission citoyenne repose sur l’utilisation de « l’intelligence collective ». Tout être humain détient une intelligence individuelle à laquelle il peut faire appel. L’intelligence collective correspond à la somme des intelligences individuelles à laquelle il faut ajouter leur relation. C’est d’ailleurs la relation entre ses membres qui la distingue du simple travail collectif. Pour fonctionner, elle nécessite du temps car elle requiert que les membres du groupe apprennent à se connaître et à agir ensemble. Elle n’a pas pour vocation d’éviter les conflits ; ses membres confrontent leurs représentations et leurs intérêts. Enfin, pour être efficace, elle nécessite de travailler en groupe restreint.  

L’intelligence collective est souvent utilisée comme un outil qui permet de mettre en interaction les connaissances, les idées et les opinions de ses membres dans le cadre d’une problématique. La finalité étant de faire en sorte que le groupe se pose des questions et cherche ensemble des réponses. C’est un processus chronophage car il est généralement utilisé dans le cadre de problèmes complexes aux dimensions multiples.  

Utiliser l’intelligence collective a pour objectif d’aboutir à la prise d’une décision, tout en développant la responsabilité, la créativité et l’adaptabilité de l’ensemble des individus faisant partie du groupe. De cette manière, la décision prise a également plus de chance d’être mise en œuvre car émanant d’un processus positif qui favorise l’écoute et la communication au sein du groupe.  

Dans le monde de l’entreprise, on parle régulièrement des 5C de l’intelligence collective : la créativité, la compassion, la collaboration, la communication et la réflexion collective.  

EN PRATIQUE 

Afin de mobiliser les différents concepts et outils de l’intelligence collective, les débats au sein de la Commission sont dirigés par 2 facilitateurs. Ces personnes sont uniquement responsables du cadre et de l’environnement de travail. Elles n’ont pas vocation de s’occuper du contenu. D’ailleurs, les facilitateurs n’appartiennent pas à la communauté locale.  

Le travail au sein de la commission a été divisé en 3 demi-journées, chacune ayant un objectif propre (voir les comptes rendus des réunions). Dans un premier temps, des règles de comportement ont été mises en place afin de permettre les échanges entre les membres. A de nombreuses reprises, le groupe a été divisé en plus petits groupes de 2 ou 3 personnes. La consigne pour ces travaux de groupe était que chaque personne pouvait exprimer son opinion librement pendant un temps limité, puis, devait écouter l’autre pendant une durée similaire. Le but de ces discussions n’était pas de convaincre mais plutôt d’exprimer ses idées, ses opinions et ses ressentis tout en étant certain d’obtenir de l’écoute.  

Puisque la décision finale devait être prise par les 60 personnes, il a fallu du temps pour communiquer à l’ensemble des membres, les différents éléments discutés en plus petits groupes. Progressivement, les opinions exprimées ont permis d’arriver à une solution qui pouvait satisfaire suffisamment l’ensemble des membres de la Commission citoyenne.  

A l’issue de la 3e séance, qui s’est déroulée le dimanche 16 avril 2023, les membres de la Commission se sont mis d’accord sur des principes généraux concernant le personnage du sauvage : 

  1. Il doit représenter un diable et être un personnage imaginaire et fantastique 
  2. Son nom doit changer afin de mieux correspondre à la vision que les Athois ont de lui. Il devient « Le Diable » de la Barque des Pêcheurs napolitains.  
  3. Des groupes de travail composé d’experts et du groupe de la Barque des Pêcheurs napolitains doivent être constitués afin de préciser la représentation du personnage (histoire, caractéristiques visuelles, etc.) en veillant surtout à ce que son apparence ne représente pas un être humain.   

Actuellement, la CCF attend que le groupe de travail lui soumette sa proposition. Cette proposition sera retravaillée en Commission puis soumise à la décision du Conseil communal. Cette étape constitue la phase finale du processus de réflexion. L’objectif est de clôturer ce processus d’ici l’édition 2024 de la Ducasse.  

La CCF n’a pas d’autorité formelle. Cela signifie qu’elle ne peut prendre aucune décision à la place du Conseil ou du Collège communal. Son rôle est essentiellement consultatif et donc, non contraignant. De plus, elle ne peut remettre un avis que lorsque l’autorité communale le lui demande et uniquement pour des questions et problématiques liées au folklore et à la Ducasse d’Ath.  

La CCF a été établie de manière à respecter le Code de la Démocratie Locale et de la Décentralisation. Il faut souligner que la Commission a été mise en place après un vote à l’unanimité de tous les conseillers communaux.